Chaud, trop
L'odeur du lait chaud - peut-être qu'un verre de lait chaud apaiserait ma gorge tout comme mes blessures de petite fille qui n'a pas su grandir proprement. Blessures en pleine figure alors que je les pensais cicatrisées – bien que recousues trop lâchement peut-être. Lait chaud éclaboussé du pourpre de mes émotions brûlantes, que je transpirais la nuit dernière et essuyais de la paume de ma main, en me réveillant au milieu de nulle part dans le noir.
Je conduisais en te racontant tout comme s'il ne s'agissait pas de moi. Je te racontais –froidement– et je n'avais pas idée que ça pourrait faire mal à quelqu'un d'autre qu'à moi, des années plus tard. Dans mes yeux je n'avais que les petites lumières des vagues de voitures rouges ondulant derrière le pare-brise, et ton silence.
Que ces petites lumières pourraient faire mal, elles aussi. plus tard dans le silence de cet espace clos de ferraille où nous nous trouvions j'avais trop chaud et qui sait ce qu'il se passait à l'intérieur de toi.
L'odeur du lait chaud ou le craquement des amandes grillées qu'a préparées mon père, entre les dents. La chaleur d'une tasse de thé au creux des paumes, la lettre de Milena en provenance de Vienne écrite dans un allemand doucement français. (Je ne suis ni plus ni moins coupable que quiconque et cette vérité, rappelée par S., m'apaisera plus que n'importe quoi.)
Par aubes, le Lundi 2 Décembre 2013, 22:07.