Somebody told me that this is the place where everything's better and everything's safe
Il y a le bruit de mes pieds nus sur le parquet du salon,
léger et presque imperceptible, comme les pas d'une gamine, furtifs comme les deux rayons de soleil qui arrivent par la fenêtre, là, et se croisent dans un tourbillon de petites poussières pour ricocher sur les lattes de bois.
Il m'est arrivé de me demander si j'existais vraiment, ou si tout cela n'était qu'un mensonge. Mais je crois que si, c'est irréversible, j'existe comme me le dit le soleil lorsqu'il heurte violemment ma peau.
Le ciel est bleu dehors, mais d'un bleu tellement étrange, comme je n'en avais vraiment vu. Ce bleu clair, lumineux, pur. Non, pas celui que vous êtes en train d'imaginer. Et puis je ne devrais pas dire ce bleu, comme si on pouvait le reconnaître.
Du bleu comme on le chercherait pendant des heures avec un pinceau, à tourner sur la pastille trop bleue et à mélanger avec du blanc, puis diluer avec de l'eau. Pour ne jamais y arriver. Proche, mais jamais vraiment.
C'est ce bleu qui raconte les contes de fées, ce bleu qui je croyais n'existait pas. Tous les contours s'y découpent tellement nettement, même les oiseaux n'osent pas y voler. Non, ce n'est pas triste. C'est fascinant. C'est comme une promesse réalisée. Un bleu au goût de ciel d'enfance. Un bleu paisible.
Bleu clair. Ces deux mots n'ont jamais aussi mal désigné cette couleur, et pourtant c'est exactement ça, bleu clair, celui que l'on peint quand on est gosse, derrière des maisons disproportionées, des arbres grossiers. Enfin. Celui que l'on aimerait peindre mais qu'on ne fait que gribouiller avec des stylos et des crayons de supermarché.
Là on le croirait peint, oui, suspendu juste derrière tout ce qu'on voit de proche ou de lointain. On le voit tendu, on se dit qu'on pourrait y sauter et qu'on rebondirait.
Bleu avec ce qu'il faut de clair et de foncé, ce qu'il faut de gris, de turquoise et de violet, ce qu'il faut d'été et d'hiver, de mélancolie et d'espoir. Sur mon appareil photo ce n'est pas le même. Insaisissablement bleu.
Je suis allée le montrer à ma mère. Elle le trouve sans autres, je suis redescendue déçue. Peut-être que ce bleu que je n'arrive pas à décrire n'existe vraiment pas.
Je ne sais pas d'où il est né mais je sais qu'il part déjà, le soleil le tire à l'horizon. Ce soir je lèverai la tête, il fera doux et cela fera longtemps que je n'aurai aussi bien vu les étoiles, mais ce sera comme une désillusion.
Par aubes, le Samedi 25 Août 2007, 18:04.