Finding my way back to

Tu vois, j'aime cette neige. Cette neige qui reste comme si le temps ne passait pas, comme si le printemps ne revenait pas déjà. J'aime mes dix-neufs ans, ici et maintenant. J'aime enfiler mes bottes et les chatouiller avec de longues écharpes, j'aime le ciel et le soleil givrés, la lumière figée. Le goût des mandarines, l'odeur du lait chaud, le crépuscule à dix-huit heures, le soleil rouge qui se laisse dévisager par la brume. Les nouvelles musiques que l'on m'offre, les voyages en train. Tout semble anesthésier les instants de doute, la peur et la mélancolie et il n'y a que les petites lumières mutlicolores dans ma chambre, une promesse merveilleuse pour le mois d'août, mon sachet d'amandes grillées que je finis assise en tailleur sur mon tapis au téléphone avec Jem. Il n'y a que l'étreinte de Vi et Ju au milieu de l'agitation de la gare, il n'y a que cette nuit qui s'étire jusqu'à cinq heures et demie du matin, il n'y a que nos pas dans cette neige posée sur la ville, et les ponts que nous traversons, il n'y a que la chaleur enfermée dans nos peaux, dans ces maisons et celle qui s'échappe de nos chocolats fumants. Il n'y a que l'appel inattendu de Ma. tandis que nous nous rendons avec Ju à cette expo photo (une salle légèrement rectangulaire aux murs blancs, au parquet sombre et usé, douze grandes images toutes suspendues à la même hauteur, et des prises électriques inutilisées juste en dessus de sol, et un jeune homme assis derrière une table avec un ordinateur), il n'y a que la neige qui tourbillonne parce qu'il n'y a qu'un peu de bise aussi, et que des trains en gare. Et j'aime me souvenir comme une année plus tôt il n'y avait que la chaleur et des paysages fondants, et une chanson en duo assis entre l'herbe et les palmiers avec un suédois aux cheveux sombres. Il y a des muffins aux framboises sortant du four, et je fais de la couture jusqu'à minuit en écoutant Joni Mitchell, en tailleur sur mon tapis.

Par aubes, le Jeudi 11 Février 2010, 13:11.

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