Perds le nord

Oh, écrire. Ce soir Londres décembrée presse à ma gorge – et cette étrange mélancolie qui me pousse toujours à écrire, pour me perdre entre les lignes. Entre les lignes plutôt qu'entre les rues. Je ne sais plus par quel coin prendre les mots, pour parler des ponts au dessus de la Tamise, des points et des lumières reflétées. De l'obstination du London Eye à tourner. Je me retrouve dans la librairie au sol tapissé de la carte du monde, de la carte du Royaume-Uni. Je me retrouve dans les libraires aux parquets qui craquent. Je voudrais savoir résumer tout ce que j'ai trouvé ici, je voudrais parler de ce balancement constant entre la confusion et la certitude, du rire aux éclats de Mariana et des épices coréennes qui brûlent ma langue, des lundis d'épuisement, de la petite église au bord de l'eau, des dimanches matins ensoleillés dans Brick Lane et des jours de pluie sur Camden, des tâtonnements dans la chambre noire où je développe ma première image en couleur, des musées où je perds le nord mais où je me retrouve tellement, de l'accent mexicain de Rafael, de la nuit qui tombe si vite sans que je le remarque, des échos entre les grattes-ciel, des gens que je découvre et perds peut-être au fil des jours. Oh écrire, j'aurais voulu l'écrire aux yeux des gens que j'ai laissés là d'où je viens mais je garde cet embarras. Est-ce une impression, ou est-ce que. S'écrire semble vraiment si égocentrique?

Par aubes, le Lundi 3 Décembre 2012, 22:47.

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