Eclats
Il m'a regardée en murmurant qu'il ne se lasserait jamais de ce visage, je me suis penchée pour l'embrasser. On a marché un peu sans dire grand-chose, le silence était trop grand, alors j'ai buté sur mes phrases et il a fini par dire que je ne savais pas m'exprimer. Je n'ai su qu'approuver de la tête, il n'a rien compris. S'il savait que les mots étaient mes plus grands horizons -et les seuls. Les mots à l'encre noire pressés sur le papier.
En se quittant il m'a rattrapée en courant pour m'embrasser encore. Ses mots, ses gestes sont adorables. Mais le reste. Je ne peux pas lui laisser de vrais bouts de moi.
N. au téléphone, deux minutes à peine, et j'ai raccroché pour fondre en larmes sur mon lit. La maladresse de ses phrases finit toujours par me déchirer quelque part.
Devant mon miroir, des deux index j'ai effacé les ailes de papillon noires que le mascara avait dessiné sous mes yeux. Je me suis regardée deux secondes avec l'impression d'avoir un paysage abrut juste derrière les iris.
J'ai des bras pour me serrer quand je le veux, il m'a dit qu'il viendrait, et pourtant le vide se fait grand, large, béant.
J'écoute Mozart et la douceur des notes m'apaise. Une douceur qui n'a existé que dans mon enfance et qui ne reviendra plus, sans doute, que dans ces moments où l'on s'arrête pour se souvenir.
J'ai eu un bref instant une envie de cigarette sur le balcon.
Mais je resterai toute seule, et c'est tout ce que j'ai voulu, et c'est tout ce que j'ai, ce que j'ai à donner et ce que j'ai de plus cher, une solitude, et quelques personnes pour l'habiter avec moi, de temps en temps.
Par aubes, le Mardi 16 Octobre 2007, 23:02.