Rivages

Courir, ramper, s'écorcher. A la traîne, à la bourre, à la tienne. Bousculades. J'ai abandonné mes rêves dans le caniveau, froissé le reste entre les pages d'un journal d'actualités. Les projets se nouent, les mots glissent sur la langue, tombent, il n'y a rien. Qu'une lettre dans la boîte, sans timbre, qu'une écriture chancelante. J'aurais voulu, j'aurais voulu une chance, la partager avec toi, aller quelque part, merde. S'abriter de la pluie à deux, lâcher le parapluie qui s'est retourné dans la bise. T'embrasser, te faire trébucher sur le trottoir et te rattraper, et rire, à gorge déployée, rire aux quatre vents, rire et étendre les bras, les mains blanches comme de la craie, rire et s'encoubler un peu, les lacets défaits, rire. Ecrire quelque chose sur les murs, accoster le prochain passant. Déchirer les pages des livres, découper des phrases, des images, tout recoller, à l'envers de travers, par dessus, ne pas essuyer la colle qui dépasse ne pas applatir le papier qui gondole. T'offrir un cahier vide, à ne jamais remplir, surtout pas. Croire au désespoir, à ce qu'il y a de plus pathétique, s'y accrocher de toutes ses forces. Dans un dernier élan de dérisoire Plier des avions en papier, monter tout là haut et en lancer un sans le lâcher, te crier au revoir.

Par aubes, le Jeudi 15 Novembre 2007, 18:33.

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