You know there's still a place for people like us
Une salle de cinéma comble. Arriver quand le film est déjà lancé, déranger tout le monde et marcher sur les pieds de tout le monde pour rejoindre nos deux sièges vides au bout de la rangée. Le film. Puis ce moment du film, un peu plus fort, qui fait frémir quelque chose à l'intérieur. Les petits fours et les salés juste après, rire de M. qui avale son verre de blanc sans reprendre sa respiration. Puis marcher dans la nuit, marcher dans les rues vides d'un mardi soir, marcher jusqu'au port et s'enivrer, regarder les lumières reflétées par échantillons sur l'eau lisse et noire. Le silence, au loin le glissement de quelques voitures, là-bas dans les rues, bruits de moteurs étouffés, au loin quelques silhouettes, un autre monde. Pour rire, lancer nos bouteilles vides en direction de deux canards effrayés qui s'envolent, troublant une poignée de secondes du calme qui flotte comme une brume, partout. Marcher lentement le long des quais déserts, deviner la lune derrière les nuages. S'avancer sur le petit ponton de bois qui se jette dans le vide, à quelques mètres au dessus des vagues, ponton de maints souvenirs. Y penser un peu sans y accorder de l'importance, comme s'ils n'avaient peut-être jamais vraiment étés, juste imaginés. Parler avec M., avoir l'impression que plus rien n'est grave et se sentir tanguer doucement, regarder les lumières, encore.
Puis, repartir lentement, le laisser me prendre par la taille, lui dire au revoir. Attendre le dernier bus qui tarde sans plus sentir le froid pénétré dans mes veines depuis longtemps, ni l'alcool qui s'y est mélangé. Sourire puis froncer les sourcils sur un message de M. qui me remercie et ajoute Pense à l'horizon sans fin qui, en réalité, en dissimule peut-être une.
Par aubes, le Mercredi 21 Novembre 2007, 22:05.