Dans ton corps frêle, trop grand pour ce que tu sais de ce monde

Et tu croyais que ça allait mieux. Tu le sens ce plancher qui a cédé, ce vide, ce vertige qui te tord la gorge tu le sens, jusque dans le fond du ventre, comme il mord ce point brûlant où tout s'enroule. 
Toute seule. Malgré tout ce qu'on peut te dire. On t'envoie des messages, on insiste, on t'appelle, t'arrêtais même un peu avec cette putain d'indifférence.
Mais tu n'es pas là. C'est un corps de gamine qu'on serre si fort et des yeux qui se détournent ailleurs parce que malgré ce que tu aimerais croire tu n'arrives pas à soutenir leur regard.
Tu croyais peut-être que tu réussirais un jour à faire comme les autres, à aimer quelqu'un et te faire aimer et même vivre des histoires avec des vrais sentiments jusque dans les tripes. Tu croyais hein, tu le pensais vraiment, mens pas je le sais. Tu le croyais parce que tu l'avais lu dans les livres, tu l'avais vu sur les grands et les petits écrans, on t'en avait parlé du bout des lèvres. Et ça t'avait fait construire des rêves sur des paroles qui ne t'étaient pas adressées. 
Mais tu avais oublié à quel point ils s'en fichent eux, à quel point ils pensent d'abord à vivre. Tu avais oublié qu'on est toujours tout seul, malgré tout ce qu'on peut te dire, malgré tout ce qu'on peut te serrer à t'étouffer et te courir après.
Tu avais oublié de respirer, tu ne sentais plus l'air fuir par ce trou dans tes poumons et tu y croyais.
Mais ce soir tout est là, maintenant tout est revenu. Et tu es toute seule pour ressentir, pour penser, pour regretter, pour réagir. Tu as la nausée comme jamais de tout ce vide, ta peau est brûlante, tes doigts froids et moites tremblent sur le clavier, ton sang tiède bouillonne doucereusement dans tes veines, à t'en faire vomir tous ces semblants, les masques grimaçants et les silences.
Tu vas éclater en sanglots, taper sur le sol, vomir, crier, hurler de toutes tes forces, t'étouffer, t'arracher la peau, ou juste t'effondrer, tu titubes déjà, tu te heurtes aux murs tu as le tournis, tes dents mordent tes lèvres, peut-être dans un goût de sang que tu ne sens pas. 
Tu as peur je vois bien les frissons sur tes bras, tu as peur mais tu ne peux le dire à personne parce que tu as peur d'un vide qu'on ne peut pas dire. Pas celui des mongolfières, pas celui qui prend les ballons lorsqu'ils s'envolent.
Tu as peur du vide qui hape tes pensées jusqu'aux paroles, qui remplit tes sourires, ce vide du fond de tes yeux jusqu'au bord de toi-même, ce vide que tu combles du mieux que tu peux de silences et d'enthousiasme. Enthousiasme convaincant, quand tu parles, tu souris, tu ris, tu sembles tellement vivante et tu y crois toi aussi et tu te sens bien parce que tu pense que tu y es enfin arrivée.
Mais le soir, le soir dans ton grand lit froid, le soir face à ta solitude plus rien ne ment, tu ne peux plus te faire croire et tu ne peux plus rire. Juste te recroqueviller genoux pliés sur ton ventre, bras croisés pour essaier de te retenir encore un peu.

Par aubes, le Mercredi 19 Septembre 2007, 23:14.

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