Juste après l'orage
L'été s'étiole mais l'été s'étend. Je suis rentrée à la fin du temps des cerises, en pleine saison des mûres et des abricots, je goûtais la première prune du jardin aujourd'hui. (Le pommier lâche ses pommes et les figues sont encore vertes.) Je voudrais que jamais, jamais cet été ne se termine. Parce que je capture la lueur dorée du soleil à tous les goûts et j'embrasse les retrouvailles. C'est comme si j'étais ici depuis hier, mais aussi depuis toujours. Dans les rues de la ville la glace à la pistache de la gelateria coule sur ma jupe – celle dont tout le monde me demande où je l'ai achetée. Dans les douces soirées d'été la bière citronnée descend ma gorge et parcourt mes membres. Il y a tous les rivages auxquels je me pause, il y a les chemins marchés, C. debout sur sa balançoire rouillée et Liv qui saute dans les flaques juste après l'orage. Il y a le frissonnement des feuillages dans le vent du soir, les visages familiers, et tout cet apaisement qui m'avait tellement quitté. Il y a mes projets mais aussi le temps arrêté. Je voudrais que jamais cet été ne se termine, revoir le suédois blond à la peau dorée (mais pourquoi?), traîner encore au bord des rivages ou sous le pommier, courir encore dans la forêt tachetée de lumière du soir, faire des photos de C. tournoyant dans les prés, me réveiller encore à l'aube pour voir la brume se dissiper au levant. Je voudrais remplir des carnets entiers, écrire d'inépuisables lettres, inventer encore des histoires et lâcher tout ce qui ne me fait pas vivre. Ma poésie ne se trouve que dans ces couleurs-là, au bord de cette vie dont il ne me restait il y a peu qu'un lointain souvenir.
Par aubes, le Mardi 10 Septembre 2013, 22:49.