My name is June
Les secousses, les clichés et puis nous voilà aux soirées de juin. Je rêve de jolies surprises et j'ai dit à Ma que si j'avais un appareil photo là, ses cheveux un peu défaits à contrejour du couchant ses accords de guitare et l'eau du lac, eh bien je la capturerais. Le bonheur s'arrache par pétales, et le garçon qui avait dit à Ana qu'il me trouvait jolie que j'étais gentille que j'avais un beau sourire vient toujours au café pour sa pause du matin et je crois qu'il porte toujours une cravate.
Il est loin le jour où je me faisais surprendre à cent mètres de la maison où je me disais qu'on ne devrait jamais sortir sans parapluie un jour d'avril, où je passais ma tête par l'arrière-porte entrebâillée de la petite crêperie pour dire au cuisinier à quel point sa pâte sentait bon (sans oser en demander un peu à goûter).
(Oui je souris beaucoup parce qu'elle m'a fait remarquer contre toute attente, tandis que je lui rendais la monnaie vous avez un très beau sourire, essayez de le garder toute votre vie (et j'ai tant eu envie d'y obéir).)
Elle est loin maintenant l'enveloppe jaune postée en imaginant la surprise de Julia, les lilas cueillis au bord du trottoir, les instants traînés auprès de G., les pâtes cuisinées avec mon frère.
La patronne qui me disait que j'avais fait un bon travail, la glace tricolore avec G. et la vue sur les toits de la ville et le soleil sur sa terrasse, et les repas quand il y a toute sa famille.
Un kaleïdoscope avec les fraises, le melon, le soleil matinal dans la cuisine, G. et sa terrasse au crépuscule, faire l'amour, l'eau chaude avec les bougies et le vin sous les étoiles. L'herbe les sapins l'odeur du feu, son corps sur le mien, la nape quadrillée, les bananes brûlantes au chocolat fondu.
Les photos sur la moto de M., nos portraits et le jour décliné.
La chaleur sous la peau déjà, l'angoisse et l'orage, les envies de couleurs.
Jem, nos conversations inattendues et la joie secrète d'avoir peut-être amorcé là une amitié, et ces parts de gâteau au chocolat fondant. Retrouver El aussi et ses boucles dorées et son sourire, et essayer inlassablement avec L. de croiser nos chemins dans le temps fuyant.
Avec des chansons à la guitare espagnole au milieu de tout ça se dilue l'insaisissable envie, l'inexplicable besoin de, garder espoir. Garder espoir. Espoir.
G. et de petites attentions, et faire l'amour sur le canapé du salon, et faire encore des mojitos, s'endormir sur son épaule le soir. Et un autre générique au cinéma. Dis G., j'ai tant tant tant envie d'exister encore dans ta mémoire de vieillard. Mais nous avons assez à faire de notre présent n'est-ce-pas et je dois m'interdire l'attrayante inutilité de s'encombrer de tout le reste tout ce passé chargé de mélancolie tout ce futur déjà désuet, voyageons léger n'est-ce-pas et voici comment le temps nous emmène encore mieux.
Mélancolie ma douce nous nous reverrons bien sûr, ça restera toujours passionnel mais je ne t'apprécie plus tellement, j'ai rencontré cet amant palpable et prometteur que tu méprises un peu, ce phénomène nommé la vie. Je m'essaie à m'y abandonner - puisque de toute manière (tu le sais trop bien mon amère) on ne revient jamais. En arrière.
Par aubes, le Jeudi 4 Juin 2009, 11:42.
Commentaires
ecilora
04-06-09 à 14:26
C'est une multitude d'instantanés pris les uns à la suite des autres. En rafales de souvenirs, de douceurs et de rayons de soleil. Ces mots-là, les uns si dissemblables aux autres et pourtant, pourtant ensemble, ils laissent. Juste. Un sourire au bord des lèvres.
Je crois que. Tu viens de me faire rentrer dans juin.
Des bisourires.
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Re:
aubes
01-07-09 à 22:46
:)
Et maintenant, comment entrer dans juillet...
Des bisourires.
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mélie
04-06-09 à 16:43
bon sang, continue de t'abandonner comme ça, ça te va merveilleusement bien.
(wah)
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Re:
aubes
01-07-09 à 22:47
De tels mots font infiniment de bien tu sais.
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envole-moi
08-06-09 à 00:27
Très très très très [...] beau texte.
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Re:
aubes
01-07-09 à 22:49
Oh, merci...! D'autant plus que ça fait bien longtemps que je te lis sans oser te le faire savoir. Je suis heureuse que tu aies laissé cette petite trace.
:)
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Absolution
09-06-09 à 18:24
Je m'apprêtais à écrire une note, je suis passée ici avant et. Je tombe à la renverse. Je voulais exprimer la même chose. La vie dans les souliers. C'est marrant, c'est agréable. Bonne route ;)
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Re:
aubes
01-07-09 à 22:51
La vie dans les souliers, j'aime ton expression. Je te souhaite de garder ce bonheur dans tes voiles. Bon vent à toi ;)
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passionnee-par-les-reves
11-07-09 à 12:31
C'est juste que cette fin est fracassante. Merveilleusement fracassante.
Le bonheur s'arrache par pétales, c'est juste. ...
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Re:
aubes
14-07-09 à 23:29
Un sourire - pour ces mots.
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