Sang blanc
Pluie de printemps, prendre le train rien que pour souhaiter un joyeux anniversaire à Ju. -rire à ses hurlements et la voir dévaler les escaliers sortir dans la rue en collants- et reprendre le train suivant, sortir sous les pluies cueillir de la mélisse pour le thé et du lila pour maman, faire un gâteau à la rhubarbe avec mon frère, m'endormir dans l'après-midi, regarder par l'intermédiaire de la glace ce coiffeur italien qui me touche les cheveux et c'est comme si on faisait l'amour, ressortir avec la raie tracée au milieu et les cheveux un peu plus bouclés puisqu'un peu coupés, recevoir un message de G. premier ciné sans toi depuis longtemps, j'aime pas beaucoup ça, s'inquiéter pour l'Espagne, recevoir les réponses pour le semestre d'automne et n'être sûre de rien, la to-do list me tourne la tête et dans cet étrange mélange, parfois une curieuse euphorie se pointe et transperce les doutes, et d'autres fois, bien plus souvent, tout, mais tout, jusqu'à la dernière étoile au fond de l'univers, perd son sens.
Et la dernière chose qui réveille des frissons dans mon ventre, la dernière chose qui me libère de cette drôle de toile d'araignée, c'est de monter la musique et alors elle hurle plus fort, plus fort que tout ce manque de cohérence, et ce vide, trou d'air qui suffoque à lui tout seul. Dans mon ventre quelque chose se tord, se bat pour ne pas vouloir l'anesthésie et empêcher les marées de revenir, quelque chose se déchire pour ne pas oublier que ça pourrait être le printemps ou l'été, pour ne pas avoir peur, comme juste avant de se lancer du haut d'un plongeoir, ou d'un long toboggan trop raide, peut-être comme juste avant de se lancer dans le vide, quelque chose se réveille et déclare la guerre, et lutte pour m'éviter de partir là d'où l'on ne revient pas. J'attends chaque lendemain avec impatience. L'un deux, comme un messager sortant de l'aube, rapportera le brin de sens que j'ai dû lâcher dans le vent.
(D'ici là, faire semblant?)
Par aubes, le Mardi 11 Mai 2010, 14:42.
Commentaires
Nel-
12-05-10 à 00:53
"... dans cet étrange mélange, parfois une curieuse euphorie se pointe et transperce les doutes, et d'autres fois, bien plus souvent, tout, mais tout, jusqu'à la dernière étoile au fond de l'univers, perd son sens."
Juste pour ça, je ne pouvais pas ne rien laisser ici. C'est un des premiers textes que je relis depuis longtemps. Et je ne peux que penser "pareil". J'aurais pu tout citer. Ces mots me parlent bien trop.
Je te souhaite une étincelle, qui rallumera l'envie :)
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Re:
aubes
05-06-10 à 22:24
Je suis heureuse de ces mots. Merci.
Je te souffle une nuée d'étincelles.
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passionnee-par-les-reves
15-05-10 à 12:58
Bien sûr que la musique trop forte a souvent plus de cohérence que le reste. Faire semblant n'est pas une bonne solution, mais s'en est une. Alors...
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Re:
aubes
05-06-10 à 22:27
C'en est une. Jamais une bonne mais parfois la meilleure...(?)
On se tient au courant pour le mode d'emploi dis.
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